Les règles de l’esprit critique
Quelques règles à appliquer
1. Toute forme de fallacie et de rhétorique est proscrite.
� Exemple :
Quelqu’un dit : « Tu ne peux pas me contredire, tu n’as jamais travaillé dans ce domaine !
»
➡️ C’est une attaque ad hominem, une fallacie (sophisme) : on attaque le passé de la
personne au lieu d’argumenter sur le fond. Cette manière de débattre est donc proscrite
lors de notre atelier.
2. Ce qui est affirmé sans preuve peut être rejeté sans preuve.
� Exemple :
Quelqu’un affirme : « Les extraterrestres contrôlent le gouvernement. »
➡️ S’il ne fournit aucune preuve, il n’y a aucune obligation de le croire ou même de réfuter
— on peut simplement rejeter l’affirmation.
3. Dire « je ne sais pas » est acceptable, voire recommandé.
� Exemple :
Lorsqu’on vous demande une information que vous ne connaissez pas, il est tout à fait
acceptable de répondre :
« Je ne sais pas. »
➡️ Admettre son ignorance, même sur un sujet simple, est un signe d'honnêteté
intellectuelle et permet d’éviter de dire n’importe quoi.
4. Distinction entre croyance et savoir : la pyramide des preuves.
� Exemple :
Dire que l’homéopathie guérit le cancer parce qu’un proche en a pris et s'est senti mieux,
ce n’est pas un savoir, c’est une croyance.
➡️ Le savoir repose sur des preuves solides et reproductibles (au sommet de la pyramide
des preuves), tandis que les témoignages personnels se situent à la base, car ils sont peu
fiables et non généralisables.
5. Savoir définir ce qu’est la manipulation.
� Exemple :
Une publicité montre une maman comblée après avoir acheté un yaourt censé rendre les
enfants plus intelligents.
➡️ C’est de l’influence, car on utilise l’émotion pour pousser à l’achat, mais l’intention est
claire : vendre un produit. La manipulation, elle, consiste à dissimuler l’objectif réel pour
empêcher de s’en défendre.
6. Savoir suspendre son jugement et définir clairement ce que cela
signifie (ouverture d’esprit).
� Exemple :
Un responsable politique annonce que sa nouvelle réforme va réduire significativement le
chômage. Plutôt que de croire ou de rejeter cette affirmation en fonction de son orientation
politique, on suspend son jugement et on vérifie les chiffres avancés.
➡️ Suspendre son jugement, c’est refuser de se laisser guider par des a priori et prendre le
temps d’analyser les faits avant de se prononcer.
7. Le rasoir d’Ockham et savoir l’utiliser.
� Exemple :
Des traces circulaires sont trouvées dans un champ. Deux hypothèses : des aliens ou un
humain farceur.
➡️ La solution la plus simple, le farceur, est à étudier en premier, avant toute autre
hypothèse. Si elle explique le phénomène, il n’est plus nécessaire de continuer à
investiguer.
Note: Le rasoir d’Ockham consiste à commencer par explorer l’hypothèse la plus simple. Si
elle suffit à expliquer le phénomène, inutile de chercher plus loin.
Ce principe ne garantit pas que l’explication la plus simple est toujours vraie, mais il aide à
éviter les explications compliquées et invérifiables sans nécessité.
8. L’inversion de la charge de la preuve : c’est celui qui affirme qui
prouve et non l’inverse.
Exemple :
Quelqu’un affirme : « Les licornes existent ! Prouve moi que ce n’est pas vrai. »
➡️ La charge de la preuve revient à celui qui avance une affirmation. Ce n’est pas aux
autres de démontrer que les licornes n’existent pas, mais bien à la personne qui en parle
de fournir des preuves.
� Exemple
Un matin, vous trouvez votre pelouse mouillée. Deux hypothèses :
1. Il a plu cette nuit.
2. Un voisin est sorti à 4 h du matin pour arroser votre jardin.
➡️ On commence par vérifier l’hypothèse 1, car elle est simple et cohérente.
9. La posture de l’esprit critique n’est pas de tout refuser, mais de
questionner surtout lorsque c’est important.
� Exemple :
L’esprit critique, c’est la capacité à analyser, évaluer et questionner les informations, les
idées ou les affirmations, plutôt que de les accepter automatiquement. Il ne s’agit pas de
tout refuser par principe, mais de prendre du recul, de chercher des preuves et de
confronter différents points de vue avant de se faire une opinion.
� Exemple :
On vous propose un investissement avec un rendement exceptionnellement élevé. L’esprit
critique ne rejette pas d’emblée, mais demande : Comment est-ce possible ? Quels sont
les risques ?
➡️ On questionne, surtout quand l’enjeu est important, sans pour autant tout remettre en
cause par défaut.
10. Enfin, l’esprit critique n’est pas une technique pour briller ou
convaincre, mais une hygiène mentale personnelle permettant d’éviter
de se faire manipuler et de garder sa liberté de penser et de choisir.
Exemple :
Plutôt que de débattre pour gagner une discussion sur les réseaux, on développe son
esprit critique au quotidien pour éviter les pièges de la désinformation et faire ses choix en
conscience.
Pas mal le résumé ! il y a de quoi faire et Paul Dirac n’est pas loin…..